Culture

Le rituel du « famadihana » demeure non-autorisé

Malgré le déconfinement progressif sur les hauts-plateaux, la cérémonie pour le retournement des morts reste encore interdite. Aucune autorisation d’exhumation ne sera délivrée tant que l’état d’urgence sanitaire ne sera pas encore levé.

La pandémie du coronavirus et la saison de l’exhumation se coïncident. Cette coutume funéraire se pratique en saison sèche et généralement du mois de juin à octobre. Le coordonnateur national du Centre de commandement opérationnel (CCO) Covid-19, le général Elack Olivier Andriankaja, était pourtant clair. Cette cérémonie ne devrait aucunement avoir lieu car Madagascar est encore en état d’urgence sanitaire selon ce responsable. La cérémonie du retournement de morts occasionne des déplacements, un rassemblement de foule et de contact physique. Tant que l’état d’urgence sanitaire ne sera pas encore levé, le sort du « famadihana » est encore incertain.

« La vigilance est toujours de mise bien que les contaminations aient déjà connu une baisse considérable. C’est une tradition funéraire chère aux Malgaches qui réunit toute une génération. Il est donc quasi-impossible de respecter les rassemblements de moins de cinquante personnes ou de cent personnes », souligne le général Elack Olivier Andriankaja.

De l’autre côté, les demandes d’autorisation d’exhumation auprès des Communes affluent. C’est le cas pour Imerintsiatosika selon le maire Parisoa Andriambolonarivo. Chaque année, cette Commune reçoit soixante-douze demandes environ mais malgré cette pandémie du coronavirus, la moitié de ce chiffre est déjà atteinte. « Certaines familles ont déjà déposé leurs demandes en février, bien avant la déclaration de l’état d’urgence sanitaire. Nous ne pouvons rien y faire bien que certaines d’entre elles nous ont promis de respecter les mesures sanitaires », a-t-il souligné. Pour la commune d’Andranonahoatra, elle a également reçu des demandes de transfert de dépouilles selon le maire Hajanirina Rasamison. D’après lui, tant que l’évènement est susceptible de rassembler plus de cinquante personnes, les demandes seront rejetées.

Immense déception des familles

Par ailleurs, certaines familles qui ont prévu d’organiser cette cérémonie festive se désolent face à cette mesure prise par l’Etat. C’est un évènement qui se prépare une ou deux années à l’avance. C’est à la fois un évènement familial et communautaire où les familles sont prêtes à dépenser une somme faramineuse pour la vénération des ancêtres. Pour la famille Ramanahadraibe, elle a prévu de se rendre à Betafo, dans la région de Vakinankaratra au cours de ce mois pour ce rituel mais elle devrait donc reporter ce voyage. « Les descendants de nos grands-parents ont déjà économisé et cotisé pour cet évènement mais nos efforts ont été vains. Outre la communion avec les ancêtres, c’est aussi le moment idéal pour réunir toute la grande famille et réconcilier les uns avec les autres », explique un membre de cette famille.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page