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Produits forestiers: La filière bois en crise, les opérateurs en détresse

Les exploitants forestiers légaux se retrouvent avec des stocks qu'ils ne peuvent pas écouler. Les entreprises de transformation de bois, de leur côté, sont à court de matières premières.

La situation est critique pour la filière bois. La présidente du Groupement national des exploitants forestiers, Rose Razanarisoa, parlait d’une “descente aux enfers” des opérateurs qui s’y spécialisent depuis la sortie de la note suspensive de toute coupe, exploitation, circulation et exportation de produits forestiers, décidée au mois de janvier 2019. Une décision censée assainir la filière bois mais qui n’a finalement profité qu’aux acteurs informels, a-t-elle déploré lors de leur rencontre avec le ministère de l’Environnement (MEDD).

Ce sont en effet des stocks de bois en règle qui ont été bloqués et n’ont donc pas été écoulés légalement. Ce qui a réduit considérablement les matières premières à la disposition des sociétés de transformation. Une grande partie des entreprises dans la filière bois risque alors de fermer et près d’un millier d’employés seraient déjà envoyés en chômage à cause de cette situation, ajoutée à la crise liée au COVID19.

A rappeler que cette note interdisait également aux opérateurs d’expédier leur produit à l’étranger, alors que cette exportation constituait 40% de leur chiffre d’affaires, indique Fabrice Monti, un des patrons de grandes entreprises qui se trouvent en sérieuse difficulté.

“Des grandes sociétés risquent de fermer s’il n’y a pas de décisions prises dans les semaines qui viennent. Nous avons certes des réserves de stock mais celles-ci risquent de ne plus tenir longtemps. Quelques entreprises tentent même de survivre en important des bois et des matières dérivées d’Europe mais les surcoûts pèsent beaucoup sur leur trésorerie”, explique-t-il.

Les stocks “légaux” à débloquer

Aussi, ces opérateurs dans la transformation demandent à avoir accès au stock de bois des forestiers légaux. Une disposition qui devra se présenter comme une solution à court terme à leur problème actuel et permettre la survie de la filière en attendant des solutions pour la péréniser.

Selon le ministre de l’environnement Baomiavotse Vahinala Raharinirina, la filière bois fait vivre des dizaines de milliers de personnes en emplois directs et indirects. La situation actuelle ne compromet pas seulement l’investissement de ces opérateurs mais constitue également un énorme manque à gagner pour l’État.

Aussi, le MEDD travaille avec le groupement des exploitants forestiers sur la stratégie permettant l’utilisation des 6 000 m3 de bois ordinaires coupés légalement mais qui restent bloqués dans onze régions de Madagascar. “Nous devons trouver des solutions communes pour sauver cette filière, en optant pour des décisions qui ne sont pas anti-economiques. Ce, pour assurer une filière durable de bois”, lance-t-elle pour montrer son soutien aux opérateurs qui opèrent dans le formel.

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