Kidnapping: Disparitions mystérieuses d’enfants albinos

Le rapt des enfants albinos gagne du terrain. C’est ce que l’on puisse dire des séries d’enlèvements des personnes atteintes d’albinisme qui sont souvent désignés par le terme « bobo » en malgache. Pas plus tard que lundi vers 22h, cinq individus s’introduisent dans une maison où habite une fillette albinos. Le drame est survenu à Beravy, commune rurale de Belalanda, district Toliara II. Ils n’ont pas saccagé cette demeure mais ont juste amené avec eux cette fillette de 12 ans.

Une chasse à l’homme avec l’aide des quartiers mobiles et des éléments de la gendarmerie a été ainsi lancée mais en vain, pour le moment. C’est le sixième cas d’enlèvement d’albinos enregistré depuis le début de cette année dans la partie Sud-Ouest de Madagascar.

« Ce cas n’est pas isolé, ces enfants sont exposés à un danger grave. Leurs yeux sont très convoités par les dahalo pour leurs rituels. Des hélicoptères doivent être mis à la disposition des éléments des forces de l’ordre pour la traque des auteurs de ces enlèvements », se désole Siteny Andrianasoloniaiko, député élu à Toliara.

Une personne albinos souffre d’un défaut de production de mélanine qui est un pigment qui donne sa couleur aux cheveux, aux yeux et la peau. Les vaisseaux sanguins qui circulent dans l’iris donne à l’œil des albinos une couleur rougeâtre, bleu pâle ou transparent. Certaines croyances africaines disent que leurs yeux permettraient de voir l’invisible. Cette raison a ainsi encouragé le vol d’yeux des enfants atteints de cette maladie génétique ici et ailleurs. Ces actes horrifiants seraient motivés par des sacrifices au service des guérisseurs et des dahalo pour la pratique de rituels.

Une base de statistiques des enfants albinos

Le rapt des enfants albinos est un faits-divers qui fait froid dans le dos car des cas d’enlèvements sont toujours enregistrés chaque année surtout dans la région Sud-Ouest. Tout le monde se souvient encore de l’arrestation de sept individus en possession de neuf yeux dérobés sur des morts à Toliara en février.

Le président du Réseau malgache du handicap (RMH), Falihery Razafindrakoto, tire la sonnette d’alarme sur le danger qui plane sur ces enfants. Selon lui, ces enfants vivent dans l’insécurité totale et leurs droits sont bafoués car ils craignent à tout moment de subir le même sort que leurs camarades. Ils sont en situation de handicap car leur différence les empêche de vivre dignement et de participer à la vie de la communauté.

Le RMH réclame ainsi une enquête beaucoup plus approfondie sur le sujet. Des campagnes de sensibilisation avec des personnes influentes dans la communauté doivent être aussi organisées pour mieux comprendre ce phénomène. La dotation de matériel pour les éléments des forces de l’ordre ne suffit pas, selon toujours ce réseau.

« Un système de gestion de base de données doit être mis en place pour l’identification des enfants albinos y compris leurs localisations. Il faudrait aussi comprendre les us et coutumes de certaines localités car d’après mes renseignements le rapt des albinos ne se concentre plus à Atsimo Andrefana mais commence à s’étendre dans d’autres localités », a-t-il indiqué.