Société

Malnutrition aigüe: Le nombre des victimes du kéré double en une année

La situation se détériore dangereusement dans la partie Sud de la Grande île. Le nombre des victimes d'insécurité alimentaire aiguë monte en flèche.

Des chiffres qui font froid dans le dos. Le nombre des personnes victimes de malnutrition aiguë dans la partie Sud de Madagascar pourra augmenter de 85%. C’est l’estimation de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui vient juste de publier une note sur les perspectives de production de l’année 2021 pour le pays.

La FAO indique dans ce document que pour la période janvier-avril 2021, le nombre des personnes confrontées à une situation d’insécurité alimentaire aiguë en phase 3 et plus de l’IPC (Cadre de classification de la sécurité alimentaire) dans cette zone est estimé à 1,35 million. Ce qui équivaut à cette augmentation de 85%, par rapport à la même période de l’année dernière.

Pour rappel, la phase 3 de l’IPC correspond à une situation de “crise”, dans laquelle les ménages ont des déficits de consommation alimentaire, avec une malnutrition aiguë. Les personnes dans la phase 4 de l’IPC pourront  même passer de 37000 au premier trimestre 2020 à 282 000 pour les trois premiers mois de cette année, selon toujours l’estimation de la FAO. Cette phase qui s’appelle également phase d'”urgence” signifie que les ménages ont d’importants déficits de consommation alimentaire, entraînant une malnutrition aiguë très élevée et une surmortalité ou font face à une perte extrême de moyen d’existence. Ce qui fait que cinq sur dix districts dans le Sud ont été placés en état d’«alerte nutritionnelle». Ambovombe, Ambosary et Ampanihy sont même proches du seuil de l’état d’urgence.

La FAO souligne que cette situation résulte d’une baisse de la production agricole dans cette partie de l’ile. C’est dû notamment à une période prolongée d’absence de précipitation ou de niveau extrêmement faible. A laquelle s’ajoutent également les impacts de la pandémie Covid19. Le taux de pauvreté élevé qui y est enregistré ne permet d’ailleurs pas aux ménages de faire face aux chocs. Un choc supplémentaire en 2021 risque cependant de détériorer davantage la situation et des mesures d’urgence doivent donc être prises.

Le FAO recommande le soutien des activités visant à augmenter la disponibilité de nourriture jusqu’en avril 2021. L’Etat doit également prioriser la mise en œuvre d’une approche Cash +, pour permettre aux ménages d’avoir accès à des semences et des outils adaptés pour une récolte échelonnée. La mise en place de systèmes de micro-irrigation, la mise à disposition de nutriments à croissance rapide ou encore le renforcement des capacités sur l’agriculture intelligente sont également avancées.

L’Etat a malheureusement déjà démontré ses limites, notamment sur les moyens financiers pour faire face à cette situation dans le Sud. Le Système des Nations Unies (SNU) s’est même intervenu, en lançant un appel à l’aide internationale d’un montant de 75,9 millions de dollars pour pallier à la situation humanitaire dans cette partie du pays. Ces ressources additionnelles permettront, entre autres, de sauver la vie de 300 000 enfants de moins de cinq ans en situation de malnutrition aigüe. Elles permettront également de prévenir une situation de malnutrition aigüe pour 67 750 femmes enceintes et allaitantes mais aussi d’améliorer les conditions de sécurité alimentaire de 1,11 millions de personnes.

 

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