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Meurtre à la City Ivandry: Les quatre prévenus acquittés

Les quatre personnes écrouées à la prison de Tsiafahy ne sont pas les meurtriers de Danil Radjan, assassiné à la City Ivandry le 19 septembre 2020. La justice en a décidé ainsi après quatre heures de débat intense autour de la manière dont les aveux filmés ayant servi de principales preuves à l’accusation ont été obtenus.

Tous les coups étaient permis. Voilà ce qui peut résumer le procès de l’affaire Danil Radjan, assassiné en septembre 2020 à La City Ivandry, qui s’était tenu à Anosy. Au bout de quatre heures de débat intense et tendu, la justice a décidé d’acquitter au bénéfice du doute les quatre suspects, jugeant que les vidéos contenant des “aveux” qui circulaient sur les réseaux sociaux et qui constituaient la principale charge d’accusation à leur encontre ne suffisent pas pour les condamner.

Tout au long du procès, la défense avait tenté de prouver que les “aveux” étaient obtenus de force par la torture et des menaces. Et mission accomplie donc pour les avocats qui étaient particulièrement virulents par rapport aux policiers ayant procédé aux enquêtes préliminaires et qui avaient réalisé ces vidéos des interrogatoires.

«J’avais résisté aux coups mais j’ai fini par céder lorsqu’ils commençaient à menacer de s’en prendre à ma femme et mes enfants. Ils avaient trouvé mon point faible », déclare devant la barre  Lionel Lelièvre, président directeur général de la société COPS et « accusé vedette » dans cette affaire. Il faut dire que ses avocats n’hésitaient pas à exploiter à fond l’état dans lequel il est montré dans la vidéo de son aveu avec, entre autres, une mine défaite, la chemise déchirée et un œil au beurre noir.

Les vidéos étaient justement au cœur de cette affaire extrêmement médiatisée depuis le début. Alors même que le dossier était en instruction, l’existence des « preuves irréfutables » contre les accusés faisait déjà là Une des journaux. Même à la veille du procès, l’intégralité du fameux aveu de Lionel Lelièvre était reproduite en intégralité dans un quotidien de la place. Mais la défense avait sans doute marqué un de ses points décisifs lorsqu’elle avait réussi à démontrer que la vidéo comportait des montages avec l’incohérence de certaines scènes et mêmes des séquences manquantes par rapport à celle, « originale », qui circulait sur facebook et youtube.

«Comment ces vidéos avaient pu arriver entre les mains des journalistes et être mises en ligne alors que dans les locaux de la police au moment de l’enquête, il n’y avait que des policiers ? Et dans quel but ces images avaient été diffusées », interroge un des nombreux avocats de la défense qui affirme également avoir déposé une plainte pour violation du secret de l’instruction.

Ce procès de l’année avait suscité la curiosité de beaucoup de monde malgré le risque épidémique du coronavirus. Chose rare au tribunal d’Antananarivo, un écran avait été installé pour diffuser les vidéos particulièrement spectaculaires. Celle filmée par une caméra de surveillance du bureau de la société COPS, montrant la brutalité de l’arrestation des prévenus, qui a été la surprise de cette audience, a sans doute été l’autre point décisif de la défense. Et même si la défense avait souligné que la police a ses méthodes bien à elle pour appréhender, l’existence de cette vidéo accablante risque d’être particulièrement gênante pour les forces de l’ordre.

Rappelons que les quatre prévenus ont déjà passé neuf mois de détention préventive à la prison de Tsiafahy. A l’issue du procès, la joie était de courte durée pour les désormais ex-accusés qui pensaient pouvoir dormir à la maison tout de suite après cet acquittement. A la surprise générale, ils ont été re-menottés et retournés à la prison « Question de procédure. Nous devons encore attendre la lettre du tribunal confirmant ce verdict », explique le pénitencier.

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