Politique

2021: Année de tous les dangers pour nos dirigeants ?

Le Président de la République serait en train de préparer ses discours de fin d’année et du nouvel an. Pour le moment, on n’a pas de précisions sur la tenue ou non d’une cérémonie de présentation de vœux des institutions. Certaines sources indiquent que c'est la présentation du Plan Emergence pour Madagascar (PEM) qui se tiendra à la place de la traditionnelle cérémonie du début d'année. Wait and see. 

Covid-19 oblige, il se pourrait que l’Etat adopte une autre forme pour ce genre de mondanité étatique. Quoi qu’il en soit, deux ans après son élection à la tête de la Nation, Andry Rajoelina, devrait bien peser ses mots et bien choisir les phrases qu’il prononcera au cours des deux discours traditionnels (celui de la fin d’année à la soirée du 31 décembre, et celui relatif à la présentation des vœux des institutions). Car, selon les observateurs, l’année 2021 serait celle de tous les dangers pour le régime en place. Raisons.

D’abord, le mandat du Président va atteindre le mi-chemin alors que plusieurs de ses « velirano » ne sont même pas au stade de leurs balbutiements. C’est sans doute la raison pour laquelle le Chef de l’Etat voudrait que 2021 soit l’année du début des grands travaux, des grands projets. C’est un peu tard, diraient les uns, c’est juste pour préparer 2023, diraient les autres. Le bilan des deux ans passés reste mitigé, le rang de Madagascar empire au niveau mondial, le pays connaissant un niveau record de la pauvreté selon les rapports des institutions financières. 1,4 millions de nouvelles personnes viennent de grossir le rang des pauvres selon un rapport de la Banque mondiale. C’est le niveau le plus élevé jamais enregistré depuis 2012. C’est beaucoup, hélas. On n’est pas fier de l’écrire, mais c’est la réalité. Le kéré a frappé fort cette année, c’est un signe de gestion bancale des richesses du pays, réputées pour être entre les mains de quelques nababs des « affaires » nationaux et étrangers. La politique générale de l’Etat appliquée ces deux dernières années n’a pas pu apporter de réelles mitigations à la baisse de la croissance économique. Pire, le coronavirus a pointé son nez chez nous, et il est toujours là.

C’est le second danger pour nos gouvernants. Ce virus qui connaît une mutation inquiétante en Europe est toujours présent à Madagascar. En moyenne, une centaine, ou un peu moins, de contaminés par semaine. Le dilemme reste dans la manière de gérer la propagation sournoise du virus et d’éviter à tout prix un reconfinement avec les effets économique et social néfastes pour le pays. Pour le moment, le ministère de la Santé écarte l’éventualité d’une deuxième vague, une position qui laisse les observateurs dubitatifs car les statistiques ne laissent pas les citoyens indifférents. Qui plus est, l’incivilité des Malgaches ne permet pas aux gestes barrières d’avoir une assise « automatisée » dans la vie quotidienne de la population.

Enfin, le danger suivant est politique. L’histoire du pays a connu presque régulièrement des bouleversements politiques à chaque début d’année. Après quelques années d’état de grâce, les dirigeants se croyant plus forts et plus capés dans leurs fauteuils font face à des expressions vigoureuses d’opinions. L’opposition à Madagascar s’est préparée depuis plusieurs mois à jouer son rôle et s’et offerte l’opportunité d’étendre vers les régions ses bases. Lassée par les agissements d’antan, les intimidations économiques, les emprisonnements, perpétrés à l’encontre de ses proches ou partisans, l’opposition a décidé de ne plus arrêter ses actions. Et pour 2021, elle se fera entendre de plus en plus, revigorée par l’incapacité du pouvoir à sortir le peuple du marasme et par la perte progressive de crédibilité de celui-ci aux yeux de l’opinion.

En bon communicant du visuel et de l’événement, il ne reste plus au président de la République qu’à trouver un autre bon communicant en message officiel. Un message officiel humble, qui rassemble, loin du “bling- bling”, loin des promesses rocambolesques, mais un message qui rameute les citoyens à travailler, à se donner la main. Et à la veille du nouvel an, c’est peut-être le bon moment d’arrêter la vengeance comme l’a souhaité un grand prélat chrétien malgache, dernièrement. Car, dans les péripéties de l’histoire de Madagascar, les dangers arrivent lorsque les « raiamandrenyam-panahy » ne sont pas écoutés…

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