Politique

Redressement de la Jirama: La Banque mondiale menace d’annuler 475 millions de dollars de financement

L’acquisition d’un financement d’un total de 475 millions de dollars a été conditionnée par la révision tarifaire de la Jirama. Cette enveloppe risque d’être annulée par la Banque mondiale pour cause de défaillance de l’Etat si cette clause n’est pas respectée.

Une grosse pression pour l’Etat. La tergiversation autour de l’application de la tarification Optima risque de lui coûter cher. La Banque mondiale menace en effet d’annuler deux programmes dont le financement total s’élève à 475 millions de dollars, si l’État s’entête à ne pas respecter ses engagements dans cette réforme. C’est ce que le directeur pays de la Banque mondiale pour Madagascar, Idah Psawaryi-Riddihough, dans une lettre adressée aux autorités malgaches à travers le ministre des Finances. Il a rappelé que la mise en œuvre de la nouvelle grille tarifaire adoptée par la Jirama est l’action préalable n°06 du “Financement à l’appui des politiques de développement pour la riposte à la pandémie de Covid19”. Il s’agit d’une aide budgétaire à hauteur de 75 millions de dollars et d’une aide de 400 millions de dollars destinée à l’amélioration de l’accès à l’électricité baptisée PfoR.

Evidemment, même si le mot n’a pas été cité précisément dans cette lettre, la Banque mondiale parle ici de l’optimisation tarifaire (OPTIMA) qui avait défrayé la chronique il y a quelques semaines. Cette initiative vise à rétablir progressivement l’équilibre de la trésorerie de cette société d’Etat dans le cadre de son plan de redressement. Les dirigeants de la Jirama avaient déjà commencé sa mise en œuvre mais l’Etat avait ordonné l’arrêt de sa mise en œuvre, à cause notamment de la grogne de certains abonnés impactés par les ajustements entrepris sur leurs factures. Le chef de l’Etat avait même sommé la compagnie nationale de rectifier des factures. Une initiative que la Banque mondiale n’a pas appréciée.

Des analyses sommaires effectuées par ses experts et communiqués d’ailleurs à la Jirama ont révélé que cette rectification à mi-parcours cause une perte de revenus conséquente. Cette perte est estimée à 11 millions de dollars, par rapport à l’application inchangée de l’OPTIMA. La Jirama avait alors été appelée à justifier les rectifications qu’elle a entreprises.

“Cependant le 04 février, au lieu d’une lettre officielle incluant l’analyse requise pour avis de la Banque, la Jirama avait communiqué des ajustements temporaires très conséquents par simple e-mail, mettant la Banque devant des faits accomplis, sans spécifier ni la durée des mesures temporaires, ni leur impact financier”, déplore le directeur pays de la Banque mondiale dans sa lettre.

La Jirama, et donc l’Etat, a maintenant une dernière chance pour se rattraper, et est appelée cette fois-ci en urgence à rédiger une lettre officielle avec une analyse détaillée des mesures correctives. Autrement, les sanctions vont tomber. Une réduction conséquente du portefeuille de la Banque mondiale est annoncée. “Étant donné la non-exécution du programme, et en particulier de l’Action préalable n°06, la Banque ne serait pas en mesure de déclarer l’entrée en vigueur en conformité avec la section 5.01 de l’accord de financement. Par conséquent, la déchéance de l’accord de financement sur la totalité du programme à hauteur de 75 millions de dollars sera déclarée”, annonce l’institution de Bretton Woods.

Elle ne s’arrête cependant pas là. Cette situation impactera sur le prochain Programme pour résultats (PfoR). “La réforme tarifaire étant un résultat préliminaire vital du PfoR à hauteur de 400 millions de dollars, ce retour en arrière sur une politique tarifaire déjà adoptée dans le cadre d’une aide budgétaire nous contraindra à annuler la présentation du programme au conseil d’administration de la Banque, prévue pour cette année fiscale”, averti-t-elle. Une menace qui sera certainement prise aux sérieux par les autorités locales, compte tenu du montant en jeu. Reste à savoir les dispositions qu’elles vont prendre. Une question se pose par rapport à cette situation: l’Etat va-t-il se plier aux recommandations de la Banque mondiale et annoncera officiellement la poursuite de l’OPTIMA ou aura-t-il toutes les ressources nécessaires pour tenir tête face à son premier partenaire dans le domaine de l’énergie ?

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