Politique

Bras de fer sur la Jirama: La Banque mondiale montre de sérieux signes d’agacement

L'application de la tarification Optima reste un objet de différend entre la Banque mondiale et l'Etat malgache qui pourra nuire grandement à la relation des deux parties. Cette institution financière tente de raisonner les autorités locales.

Dernière tentative. C’est le ton que semble avoir voulu prendre Idah Pswarayi-Riddihough à travers une lettre postée sur son blog. Cette directrice des opérations de la Banque mondiale pour l’Afrique orientale et australe a usé de tous les arguments pour soutenir les bienfaits de la tarification Optima de la JIrama. Et même si cette lettre ne s’adresse pas officiellement à l’Etat malgache, elle espère sans doute que ses propos arrivent jusqu’aux oreilles des autorités, dont, entre autres, celles du chef de l’État. “Est-ce trop demander ? “, s’agace-t-elle, trahissant un sentiment d’impuissance, d’incompréhension, voire de la colère. En tout cas, elle met l’Etat malgache devant ses responsabilités jusqu’au prochain rendez-vous final entre les deux parties prévu vers la fin de la semaine prochaine.

Il faut se rappeler qu’il y a encore quelques jours, son équipe s’était entretenu avec les représentants de l’État pour savoir la position finale des autorités malgaches concernant l’application de la nouvelle tarification de l’électricité. Mais les deux parties n’étaient pas parvenues à un compromis. Pour l’Etat, la crise a été toujours utilisée comme prétexte et le moment n’est donc pas opportun pour un ajustement tarifaire qui implique forcément des hausses de prix.

Idah Pswarayi-Riddihough de son côté soutient que “les réformes, quelles qu’elles soient, ne sont jamais faciles, car il y a toujours ceux qui en profitent et ceux qui doivent s’adapter”. Pour tenter de raisonner les autorités malgaches, elle n’a pas manqué d’indiquer que le maintien d’une politique tarifaire inefficace et non ciblée a créé un déficit opérationnel d’à peu près un milliard de dollars pour la Jirama, depuis 2009. Une situation qui ne profite, selon elle, qu’à 10% des grands consommateurs résidentiels les plus riches des clients de la Jirama et aux fournisseurs d’électricité de la compagnie nationale.

“Il est important de bien comprendre et de ne pas déformer notre objectif de changer cette dynamique. Celui-ci est d’assurer une électricité suffisante pour tous en veillant à ce que les tarifs tiennent compte de la capacité de payer des clients, en particulier des plus vulnérables et permettent à la Jirama d’entrer dans une trajectoire lui permettant de retrouver son équilibre financier dans un délai de trois à quatre ans”, se défend-t-elle, pour essayer sans doute d’expliquer que la Banque est consciente qu’il y a des maux nécessaires derrière son exigence.

La mise en œuvre de la tarification Optima, adoptée par la Jirama et validée par l’Office de régulation de l’électricité (ORE) entre dans le cadre de l’action préalable n°06 d’un appui budgétaire à hauteur de 75 millions de dollars, en juillet 2020. C’est de cette réforme tarifaire que dépend également le Programme pour résultats (PfoR), qui est prévu être financé à hauteur de 400 millions de dollars. C’est 475 millions de dollars qui sont donc en jeu.

La tarification Optima avait bel et bien été appliquée mais avec des ajustements temporaires. La grogne de certains abonnés de la Jirama, touchés par une hausse de factures avec les nouveaux tarifs, en est la cause. Ces ajustements ont cependant déplu à la Banque mondiale, qui avait demandé à la Jirama des propositions pour pallier les pertes générées par la révision de l’Optima. Lors de la récente réunion entre l’Etat et la Banque mondiale, aucun compromis n’a été trouvé. La partie malgache a demandé deux semaines pour se pencher de nouveau sur le sujet, afin de se positionner sur sa décision finale.

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