L’amiral Didier Ratsiraka, décédé à 84 ans, incarne un pan de l’histoire de Madagascar
L’ancien président Didier Ratsiraka a rendu l’âme à l’hôpital militaire de Soavinandriana ce dimanche matin à 6h30. Il y était hospitalisé depuis le 23 mars avec sa femme Céline à cause d’une grippe selon ses proches.
C’était l’une des tristes nouvelles qui avaient inondé les réseaux sociaux très tôt dans la matinée de ce dimanche 28 mars 2021. Didier Ratsiraka est décédé à 6h30 du matin alors qu’il était encore hospitalisé à l’hôpital militaire de Soavinandriana pour « une petite grippe », selon les informations officielles. Très vite, la nouvelle a été confirmée sur sa page officielle sans s’étendre sur les causes du décès. « L’Amiral a tiré sa révérence ce matin. Il a rejoint les étoiles d’où il continuera à veiller sur nous », peut-on simplement lire sur cette page.
L’amiral Didier Ratsiraka est né le 4 novembre 1936 à Vatomandry, Toamasina. Il a intégré le gouvernement de Transition du général Ramanantsoa en 1972 avant de s’être vu confié définitivement les rennes du pays en 1975 après un Directoire militaire, suite à l’assassinat du colonel Richard Ratsimandrava. Il était ensuite le leader de la Révolution socialiste malgache sous la Deuxième République pendant 16 ans.
Didier Ratsiraka est ainsi le père de la IIe République, marquée par la mise en œuvre du fameux “Boky mena” ou livre rouge contenant sa doctrine de base sur la manière de développer le pays à savoir la “malgachisation” de l’éducation et la nationalisation de l’économie.
En 1991, alors que le régime socialiste avait montré tous les signes d’un échec cuisant qui se traduisait par une pauvreté grandissante de la population, l’amiral Rouge comme on le surnommait sur la scène politique internationale avait été chassé du pouvoir par un soulèvement populaire. Ses tombeurs, ayant désigné Zafy Albert comme candidat, ont remporté les élections de 1993 et Didier Ratsiraka a dû s’exiler à Paris jusqu’en 1996.
« Les erreurs que j’avais commises peuvent sans doute remplir de nombreux livres. Mais si je dois donner une explication du pourquoi de la situation, c’était une erreur d’appréciation de la vraie aspiration du peuple », avait-il déclaré à son retour d’exil en 1996 alors qu’il était invité dans l’émission “Imaso” de feu Gilbert Raharizatovo de la chaîne TVM.
En 1997, après l’empêchement du président Zafy Albert et lors d’une élection anticipée, il est revenu au pouvoir et une des déclarations les plus marquantes qu’il avait fait à l’époque était sans doute celle qui disait “qu’il allait désormais s’occuper de sa famille”. Après cinq années au pouvoir, il a été battu lors de l’élection présidentielle de décembre 2001 par son rival Marc Ravalomanana et avait dû à nouveau s’exiler à Paris à la suite d’une crise post-électorale de grande ampleur.
Malgré ces anciennes rivalités, les deux hommes se sont rapprochés depuis les négociations de Maputo en 2009 après le coup d’Etat à Madagascar. Et Marc Ravalomanana a été parmi les premiers à lui avoir rendu hommage en faisant part de “sa consternation et de sa tristesse en apprenant le décès de l’ancien président”. “La vie appartient à Dieu et je présente toutes mes condoléances à toute sa famille et ses collaborateurs”, peut-on lire sur la page facebook de Ravalomanana.