Politique

Crise sanitaire: Le dialogue politique, pas d’intérêt ?

La concertation constitue l'un des meilleurs moyens de sortir d'une crise. Mais les dirigeants malgaches préfèrent visiblement agir seuls, ignorant les autres forces vives de la nation. Et refusant de sortir de leur cocon.

Dans certains pays européens (donc, une démocratie déjà avancée), le Président de la République, le Chef de l’Etat, ou le Premier Ministre (c’est selon) se sentent obligés de consulter les chefs des grands partis politiques, dont principalement le Chef de l’Opposition et les anciens présidents, lorsque leur pays traverse une période de crise importante. Ils prennent cette décision (dictée ou non par une loi) afin de faire preuve d’élan national dans la recherche commune de solutions. C’est un principe républicain qui aura comme répondant l’apaisement, du moins, au sein du microcosme politique: calmer les ardeurs des uns, et rendre les décisions moins polémiques aux yeux des autres.

A Madagascar, bien que la Constitution prévoie un rôle plus cadré et légalisé du Chef de l’Opposition, on tergiverse à appliquer les textes. On prend du temps à faire valoir des raisons juridiques inexplicables. L’article 14 de la Constitution est pourtant clair: “(…) La Constitution garantit le droit d’opposition démocratique. Après chaque élection législative, les groupes politiques d’opposition désignent un chef de l’opposition. A défaut d’accord, le chef du groupe politique d’opposition ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés lors du vote est considéré comme chef de l’opposition officiel. Le statut de l’opposition et des partis d’opposition, reconnu par la présente Constitution et leur donnant notamment un cadre institutionnel pour s’exprimer, est déterminé par la loi”. Presque à mi-mandat, les tenants du régime actuel ne semblent pas pressés à concrétiser une telle “recommandation” constitutionnelle.

Au sein de la Présidence de la République, l’organigramme affiche une Direction Générale à la Présidence chargée des Affaires Politiques, laquelle comprend une direction des affaires sociales et politiques et quatre services. Le rôle de cette direction générale dirigée par un ancien Chroniqueur politique n’a jamais fait l’objet d’une large communication publique. Consulte-t-elle les partis politiques? Dans quels objectifs? Quelles actions et quel rôle dans la crise sanitaire actuelle? En tout cas, le dialogue politique ne semble pas être une priorité pour les tenants du pouvoir actuels. Avec les vestiges malheureux des dernières élections et les symptômes de rivalité toujours ambiante entre les challengers politiques issus de ces élections, le président Andry Rajoelina affiche une distance et assume, seul, les décisions importantes.

Le gouvernement ne considère pas un dialogue politique comme incontournable bien que ceci permette parfois d’apporter un certain apaisement moral au sein d’une vie en communauté dont la gestion demande et exige même une extrême prudence. Et cela semble également convenir à l’opposition, autant la situation lui permettrait de mesurer la performance et la capacité de résilience de ce pouvoir, assez verrouillé, parfois mesquin, arrogant, et imprécis, avec trop de contradictions et d’incohérences, de bisbilles internes. Au moment où l’explosion sociale guette, le marasme économique frappe à la porte, une catastrophe sanitaire redoutée, les tenants du régime ne voient pas, pour le moment, l’opportunité de parler avec l’opposition, ni avec, au moins, les grands partis politiques malgaches.

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