Politique

Et si Ravalomanana n’avait pas encore dit ses derniers mots…

Le président victime d’un coup d’Etat, en 2009, et d’une machination électorale, en 2018, continue de fasciner ses sympathisants et d’énerver, voire inquiéter, ses détracteurs et ses adversaires politiques.

L’ancien président Marc Ravalomanana compte bien se rendre dans la partie Sud du pays pour remettre en main à des représentants de la population locale, victime du « kere », les aides qu’il a pu collecter au cours des derniers jours. Ce qui, naturellement, n’est pas du goût des membres de l’Exécutif actuel.

Depuis quelques semaines, les faits et gestes de l’ex-président ont beaucoup dérangé, voire énervé, les tenants du pouvoir. Ces derniers, dans leur plus grande maladresse, tenaient à faire filer Marc Ravalomanana par des éléments des forces de l’ordre, un peu partout. Sans véritable raison majeure.

« Vous n’êtes pas autorisé à rassembler la foule », s’est contenté à expliquer un chef de district à l’endroit de Ravalomanana. Ce dernier s’est limité à lui répondre qu’il n’en avait pas l’intention. Mais la paranoïa n’a jamais quitté les dirigeants du pays et les politiciens proches d’Andry Rajoelina, le tombeur de Ravalomanana en 2009 et proclamé “élu” président en début 2019 après une élection très controversée.

La volonté de Marc Ravalomanana d’effectuer un déplacement au Sud du pays est signe d’une certaine volonté de sa part de ne pas céder à la pression. « Vous ne pouvez pas me donner des ordres », a-t-il déjà rétorqué une fois au chef de district de Soavinandriana. Et l’homme compte bien « poursuivre son chemin ».

Au culte pour la célébration de son anniversaire, le 12 décembre dernier, il a commencé à collecter les donations à remettre à la population qui souffre de la famine et de la sécheresse dans le Sud. L’homélie du pasteur qui a officié le culte a été axée sur un passage du Livre des Juges au chapitre 6, verset 14, spécifiant : « L’Eternel se tourna vers lui, et dit: Va avec cette force que tu as, et délivre Israël de la main de Madian; n’est-ce pas moi qui t’envoie? » De quoi doper l’ex-président devenu, depuis un peu plus d’un an, le leader de l’opposition.

« Oui je vais y aller, mais je compte sur vous tous pour me soutenir », a rétorqué Ravalomanana dans une allocution à la fin de la célébration.

Cela illustre une volonté de ne pas renoncer à ses ambitions. Le chef de l’opposition tient à jouer un rôle primordial sur l’échiquier politique malgache. Beaucoup pensaient, parmi ses adversaires, qu’une fois “battu” lors de l’élection de 2018, il était en chemin pour la retraite politique. Mais ils viennent de déchanter. D’où tous les harcèlements que l’on fait subir depuis peu à l’ancien président.

A 71 ans, Marc Ravalomanana n’a pas l’intention de se taire, sur le plan politique. Au contraire, il semble très bien parti pour reconquérir la magistrature suprême dans deux ans et demi. D’autant que les dirigeants actuels ont eu le temps d’afficher leur limite, dans plusieurs domaines. Notamment, en termes de gouvernance et de gestion de crise. Et, surtout aussi, à un moment où le monde compte de plus en plus de chefs d’Etat septuagénaires et octogénaires. L’expérience d’un coup d’Etat, d’un exil et d’une longue traversée du désert ainsi que d’une persécution continue, sera un atout de plus pour Ravalomanana. Voila sans doute pourquoi l’homme énerve, et, surtout, inquiète. Ses adversaires sont conscients qu’il n’a pas dit ses derniers mots.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page