Politique

Face à l’opposition: L’Etat verse dans la démesure et le manque de discernement

Le « premier assaut de rue » entamé par l’opposition, le samedi 20 février, dans la capitale de Madagascar a constitué une véritable alerte pour les tenants du pouvoir à Madagascar.

Alors que « la bataille » vis-à-vis des institutions financières de Bretton Woods, en vue de l’obtention des crédits élargis, continue sournoisement en sourdine, le pouvoir ne sait plus où donner de la tête. Les événements sociaux, contestations, et autres remontrances, gagnent du terrain. Au point pour les gouvernants de perdre un peu l’équilibre, avec ces décisions un peu musclées parmi lesquelles certaines sont totalement disproportionnées.

Le pays est de plus en plus en ébullition. Certains caciques du régime ne veulent pas l’admettre. Pourtant, longtemps considérée comme l’apanage de la population d’Antananarivo, la contestation a gagné, ces dernières semaines, les provinces. Antsiranana, Fianarantsoa, Mahajanga, Toamasina, ont été les centres de mouvements sociaux assez préoccupants. Jusqu’ici, un décédé, suite aux échauffourées avec les forces de l’ordre, un triste fait qui s’est produit à Toamasina, et plusieurs arrestations ici et là.

La démesure frappe le constat. La sortie de l’artillerie lourde par l’Etat pour « mâter » les éventuels manifestants à Antananarivo, samedi dernier, laisse pantois les citoyens. Des matériels de guerre propres et bien entretenus qui, aux yeux des observateurs, tranchent inexorablement avec les T-shirts rouges portés par les partisans de Miara-manonja. Alors que quelque part dans la région de Betioky, plus précisément à Benonoky, des dahalo ont sévi pour attaquer et incendier une maison causant la mort de plusieurs personnes, mais les forces de l’ordre étaient introuvables.

La démesure incongrue résulte du fait que le gouvernement veut coûte que coûte limiter au maximum l’exercice de la liberté d’expression entrainant une vague de foule qu’il risque de ne pas maîtriser. Le manque de discernement est tel que même les petits marchands, victimes quotidiennement des mesures communales du Maire Andriantsitohaina, n’ont pas pu écouler leurs marchandises faute d’acheteurs qui ne pouvaient pas entrer à Analakely.

Une artillerie lourde brandie par les autorités militaires pour faire face à quelques centaines de citoyens devenus, à la limite, de simples « badauds » déjà éparpillés aux quatre coins encerclant le centre d’Analakely. Le message a été clair : les partisans de l’opposition, fatigués par le coût exorbitant de la vie, las du rythme effréné de l’inflation, laminés par les délestages tournants et le manque d’eau dans chaque foyer, stressés par la propagation de la covid-19, éreintés par l’insécurité, déçus par l’incapacité criarde du pouvoir à trouver des solutions aux problèmes sociaux, ébahis par les mensonges des hauts responsables, n’ont qu’à se tenir tranquilles ! Plus d’uns se posent également la question de savoir à quoi riment toutes ces intimidations dont sont victimes les proches des membres du Miara-manonja, avec ces arrestations étranges et autres harcèlements frappant les ondes de MBS victime d’acte de brouillage. Ces mesures staliniennes risquent de propulser le pays vers les époques antérieures. La liberté, dans toute sa signification la plus large, en pâtit.

Quoi qu’il en soit, dans de telles situations, c’est toujours le pouvoir qui subit le contrecoup de ses propres comportements et agissements. Qu’il ait raison ou non, son image, aussi bien à l’intérieur du pays qu’en dehors en prend un coup. C’est sans doute la raison pour laquelle il compte stopper, dès son balbutiement, l’assaut de l’opposition, quitte à brandir des mesures excessives, pour ne pas dire illégales. A-t-il mesuré le risque ? L’avenir nous le dira.

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