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Famine dans le Sud: Les autres s’inquiètent…pour nous !

Des étrangers semblent plus préoccupés que les autorités concernant le Kere dans le Sud de Madagascar.

« Inona no idirany ? » (Comprenez par-là « de quoi se mêle-t-on ? »), diraient les plus sensibles. La nouvelle sur l’existence d’une famine à haut risque (Kere) dans le sud de Madagascar n’a pas laissé sans voix des étrangers qui connaissent la Grande Ile. Certains s’y expriment et d’autres entament carrément des actions au niveau étatique et international. A l’image de ce député de La Réunion, Philippe Naillet, qui vient d’envoyer une lettre au Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur la situation de Madagascar.

Cet élu de La Réunion indique dans sa lettre : « Au vu de l’urgence de la situation alimentaire, la France, voisine de Madagascar, devrait agir au plus vite. Je vous sais au courant des difficultés de la population du sud de Madagascar et saurais donc gré de bien vouloir permettre à la solidarité française, depuis le territoire hexagonal et La Réunion, d’intervenir rapidement. De par notre proximité, La Réunion peut servir de base d’intervention pour exprimer la solidarité française, voire européenne, auprès de Madagascar ». Il ne s’agit pas de débattre sur l’opportunité ou non d’une telle demande, ni de discuter sur la pertinence ou non d’une telle initiative personnelle. Certains diraient que c’est une bonne initiative de solidarité, d’autres pourraient dire le contraire.

La question qui interpelle le pays c’est de ne pas avoir prévu un tel risque dès le mois d’avril où le Programme Alimentaire Mondial (PAM) avait annoncé une menace de famine pouvant frapper les plus vulnérables dans le monde. Le 21 avril de cette année déjà, le PAM avait averti le monde dans un communiqué, en ces termes : « En raison de l’impact économique du COVID-19, le nombre de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire aiguë devrait passer à 265 millions en 2020, soit une augmentation de 130 millions par rapport aux 135 millions de 2019. Cette estimation a été annoncée en même temps que la publication du Rapport mondial sur les crises alimentaires, produit par le PAM et 15 autres partenaires humanitaires et de développement. Dans ce contexte, il est essentiel que les programmes d’assistance alimentaire soient maintenus, et notamment les programmes du PAM qui permettent de sauver la vie de près de 100 millions de personnes parmi les plus vulnérables dans le monde ».

Une telle annonce devait alerter nos dirigeants, alors que la partie sud de l’Ile avait été plus ou moins épargnée par la pandémie. Des mesures préventives auraient pu être mises en action, à part celles déjà prévues par le PAM. L’impact d’une telle image de désolation au point d’inquiéter nos amis étrangers aurait pu être évité. Accaparé par l’introduction du Covid-19 à Madagascar dès fin Mars, le gouvernement malgache s’est trop investi sur « l’avènement » d’un remède contre le virus qui n’a jamais eu l’aval officiel du monde de la médecine. Le pouvoir a été un peu obnubilé par les critiques de l’opposition et n’agissait pendant ces longs mois que pour contrecarrer et intimider cette dernière, alors qu’il aurait pu mettre en place un programme d’urgence de prévention du kere dans le sud. Toutes les mesures annoncées par le Président de la République ces derniers temps dans le sud, lors de ses visites récentes dans cette partie de l’Ile, auraient pu être opérées depuis le mois d’avril dernier.

Avec les annonces fracassantes et tonitruantes faites au cours de la campagne électorale pour la présidentielle, il y a presque deux ans, on n’aurait jamais imaginé que l’image d’avant du kere puisse encore ressurgir à Madagascar. Alors, ne soyons pas étonnés si les autres s’inquiètent… pour nous. Et leurs inquiétudes peuvent masquer d’autres préoccupations pour le moins inavouables.

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