Politique

Mémoire courte: Un retour de manivelle de 2009 ?

Accuser les gens de l’opposition de « menteurs », les menacer de sanction, n’est pas une tactique crédible de la part des tenants du régime. Le comportement de ces derniers s’apparente à une action de détresse, de peur, et de manque de sérénité. Parce qu’en fait, initiateur du soulèvement de 2009, en déstabilisant le régime Ravalomanana de l’époque, avec violences, incendies, pillages, et actions militaires, le mouvement TGV (ou révolution orange, comme se sont plu à écrire certains confrères), actuellement mué en IRK ou Mapar, semble avoir la mémoire courte.

Les animateurs de l’émission « miara-manonja » commencent sérieusement à gêner le pouvoir, alors que l’approche serait la même qu’il y a 12 ans, sur radio Viva, appartenant à cette période à AndryRajoelina. On reprochait à Marc Ravalomanana à l’époque de manquer de tolérance envers une liberté d’expression incarnée sur radio Viva de l’époque.

Une émission quotidienne sans relâche, continue, acerbe, tranchante, sans retenue, accusatrice sans preuve, dégradante, destructrice, cupide, insolente, et irrespectueuse même, et dont l’un des animateurs est actuellement à la tête d’un département ministériel. On reprochait à Marc Ravalomanana de ne pas écouter « le peuple», d’être quelqu’un qui ne supporte pas les principes démocratiques. Bref, on l’accusait de tous les maux, gratuitement, et à la fin, on a détruit tous ses biens, aussi bien dans la capitale qu’en provinces. La mémoire courte, certains en ont, et ils ont peur du contrecoup, du retour de bâton.

Mais les gouvernants actuels ne pourraient que s’en prendre à eux-mêmes. L’installation en bonne et due forme du Chef de l’opposition à l’Assemblée nationale, et maintenant au Sénat, prévue par la Constitution, a été jusqu’ici écartée. Aucune disposition n’a été prise, aucune action légale, administrative, n’a été initiée. On repousse, on ne sait pas pour quand, l’éventualité d’une simple procédure et on essaie de botter en touche à chaque fois qu’on en parle.

On tergiverse, on essaie de gagner du temps, on reproche à l’opposition de manque d’organisation, etc. La raison : le pouvoir ne veut pas, mais pas du tout, voir Marc Ravalomanana, le seul chef d’opposition ayant l’onction populaire électorale validée par la dernière présidentielle, siéger au Parlement. Conséquence : l’opposition s’exprime autrement.

Pathétique cette action des élus IRK de jouer les « pompiers », de jouer les « gendarmes » à l’encontre de leurs collègues mêmes de l’opposition, alors que le Parlement même devrait être le chantre de la démocratie, de la liberté d’expression, et de débats politiques. La menace de levée d’immunité proférée à l’encontre des députés TIM frise le ridicule. Ils ont vite oublié ce que l’histoire a enseigné à Madagascar, qui plus est beaucoup d’entre eux en étaient des acteurs.

L’ensemble des politiciens n’a donc pas appris la leçon : accepter et reconnaître l’opposition dans un cadre légal, la laisser s’exprimer dans ce cadre, lui ouvrir avec équilibre les médias publics, abandonner les menaces, éviter les conflits violents, réaliser les promesses, et s’ouvrir au dialogue. Personne n’a, en fait, intérêt à ce que le pays s’enlise davantage.

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