Politique

Vaccin à Madagascar: Toujours le flou et le manque de transparence

Cinq jours après l’annonce du président de la République sur l’inscription de Madagascar au mécanisme Covax, on ne connaît rien des détails sur la réelle intention du pays. Andry Rajoelina ne s’est pas attardé sur la question, il s’est contenté d’annoncer qu’après l’examen de la situation avec les hauts responsables de la Médecine à Madagascar, l’Etat a défini deux vaccins qui conviendraient à la riposte contre le variant sud-africain. Sans les nommer.

Les citoyens spéculent. Les uns consultent l’internet pour voir quels sont ces deux vaccins qui arrivent à contrer le variant sud-africain. Les autres interpellent les responsables médicaux. Les indices existent. Mais ce qui étonne les Malgaches, c’est le fait de jouer sur leurs nerfs. Comme à l’accoutumée, le flou est entretenu, le manque de transparence est de règle.

Déjà, il a fallu attendre le tollé de l’opposition et les remarques courtoises de l’Autorité médicale, pour que l’Etat bouge. Pire, la communication sur l’annonce des statistiques quotidiennes de l’évolution du Covid-19 à Madagascar frise parfois le ridicule avec l’inclusion du nombre des « guéris par le CVO ». L’Etat tergiverse trop, le nombre des cas positifs ne cesse d’augmenter, alors que dans d’autres pays africains, le procédé se trouve déjà à des phases avancées.

« Quarante-quatre pays africains ont reçu des vaccins grâce au Mécanisme COVAX ou dans le cadre de dons et d’accords bilatéraux, et 32 de ces pays ont commencé leurs campagnes de vaccinations. Le Mécanisme COVAX a fourni près de 16 millions de doses à 28 pays depuis le début des livraisons sur le continent, le 24 février dernier. Les pays ont réalisé d’importants progrès en atteignant les groupes à haut risque ciblés lors de la phase initiale du déploiement, notamment le personnel de santé, les personnes âgées et les personnes souffrant de pathologies telles que le diabète, qui les rendent particulièrement vulnérables. Le Ghana a administré plus de 470 000 doses de vaccin anti-COVID-19 et le Rwanda 345 000 doses. En Angola, les travailleurs de la santé représentent plus de la moitié des personnes vaccinées », lit-on dans le site internet de l’OMS, le 25 mars dernier.

A Madagascar, le gouvernement semble tergiverser.  Pas d’explication, pas de révélations sur les choix, et pas de préparation psychologique et pédagogique pour les citoyens. Une fois les vaccins arrivés, « les opposants seront les premiers à en bénéficier », avait déclaré le Chef de l’Etat en ironisant certainement sur le débat concernant l’efficacité des vaccins existants dans le monde, tout en faisant comprendre que, pour lui et sa famille, le CVO reste pour le moment le plus approprié. Une déclaration incongrue, émise avec véhémence politicienne, alors que le pays s’enlise de plus en plus dans le dépassement total, le nombre de décès reste très inquiétant chaque jour, les hôpitaux commencent à manquer de matériels, le personnel médical très fatigué du rythme.

À la date du 25 mars, toujours selon le site internet de l’OMS, « 7,7 millions de doses de vaccin anti-COVID-19 ont été administrées sur le continent africain, principalement à des groupes de population à haut risque ». Aux Comores – le pays que le Président malgache souhaiterait aider “financièrement” quand Madagascar sortira de la pauvreté – a reçu son premier lot de vaccins le 17 mars dernier. Le petit pays qui participera à la CAN pour la première fois a commencé sa campagne de vaccination cette semaine. Evidemment, là-bas, il n’y pas de CVO. Eux, ils ont tout simplement la lucidité et le réalisme. A Madagascar, le silence du gouvernement, pour ne pas dire nonchalance, sur la procédure explique certainement pourquoi des politiciens ont quitté le pays pour se faire vacciner ailleurs. Car s’ils restent au pays, ils se rendent comptent que leurs immunités s’amenuisent de jour en jour…

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