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CHANGEMENT CLIMATIQUE : LA GROTTE DE SARODRANO- TULEAR N’EST PAS EPARGNEE

Les 21, 22, 23 février derniers à Tuléar, la Solidarité des Intervenants sur le Foncier (SIF) a organisé un atelier de formation axé sur le thème : «  journalisme, genre, et changements climatique : comprendre les clés pour introduire les enjeux climatiques et environnementaux dans ses sujets, tout en tenant compte de la dimension genre ». Trente journalistes de plusieurs régions en l’occurrence Analamanga, Haute Matsiatra, Ihorombe, Menabe, Atsimo Andrefana et Androy ont été sélectionnés pour faire partie du pool de professionnels des médias engagés dans cette lutte. Durant trois jours, les participants ont bénéficié de partages d’expériences de leurs collègues sur le storytelling, les pistes de sujet à investiguer sur le thème de changement climatique, mais ont pu par la même occasion acquérir des connaissances sur la relation genre et changement climatique, le foncier et le changement climatique. Les organisateurs de l’atelier n’ont pas omis de faire un tour d’horizon sur les objectifs de la SIF. Les journées de formation se sont terminées par une descente sur terrain en vue d’expérimenter les acquis durant l’atelier.

La grotte de Sarodrano : un trésor caché

Vendredi 23 février. Il est 7H. Un car investi par une trentaine de journalistes quitte l’hôtel Le Palétuvier à Tuléar. Direction : la grotte de Sarodrano, à cinq kilomètres de St Augustin. Après une heure trente de route tantôt calme, tantôt chaotique, alliant piste en terre et goudron, et en traversant le tropique du Capricorne, le groupe composé de journalistes et des membres de SIF se parque sur l’entrée de la grotte. Après un briefing rapide des organisateurs, et les formules d’usage sur les «  fady » ou les interdits de cette réserve naturelle, l’exploration de ce trésor caché commence.

Les tabous de la grotte sont affichés clairement au vu et au su des visiteurs. ( Photo: Nadia)

Après avoir franchi le portail d’entrée moyennant 5000 ariary par visiteurs, nous descendons plusieurs marches tout en ayant une vue panoramique sur le Canal de Mozambique. Non loin de là, nous entrevoyons une pirogue ayant à son bord une dizaine de passagers dont Olivier, le guide accrédité et responsable de la grotte et de l’Aire protégée Tsinjoriake depuis 2007. Ils viennent du village de pêcheurs de Sarodrano. La traversée se fait en vingt minutes en aller et vingt autres en retour.

Une pirogue venant du village de pêcheurs de Sarodrano. ( Photo: Nadia)

Le lac sacré : son histoire

La barque dépose ses passagers sur les rives en aval. Entouré de journalistes avides de connaissances sur ce lieu historique, Olivier, engage son récit.

Vers le XVème siècle, un pirate français nommé Augustin établi dans l’île de Nosy Ve aurait débarqué sur un petit village qu’on nommera ensuite St Augustin. Augustin aurait exploré le village en quête d’eau potable. C’est lui qui aurait ensuite découvert ce lac, niché dans la grotte durant ses visites. Selon les recherches, cette grotte serait issue d’un tremblement de terres et d’une éruption volcanique avant 1500.

Les restes de l’arbre destinées aux offrandes ( Photo: Nadia)

Plus tard, la légende raconta que des villageois de St Augustin incarnant le dieu de la mer ont pressenti que le lac est sacré. Ce sont ces villageois possédant l’esprit du dieu de la mer qui se sont vus confiés les rites d’offrandes et de bénédictions dans le lac.

C’est après le XIXème siècle que le village de Sarodrano commence à être peuplé. A cette même époque, les visites du lac ont été autorisées pour les villageois qui voulaient une bénédiction et pour les touristes. Auparavant ceux qui passaient par le lac n’osaient même pas y jeter un œil, de peur d’être châtiés part le dieu de la mer.

 

L’accès du lac a été facilité par la construction d’un escalier et la plantation des arbustes pour faire de l’ombre aux visiteurs en 2007 lorsque le lac a été baptisé comme étant un site touristique.

La source d’eau est souterraine et provient  des sept lacs de la région d’Ambohimavelona dont la piscine naturelle de St Augustin. Le lac est ainsi composé d’eau douce et d’eau de mer. La présence d’une variété d’espèces de poissons du canal de Mozambique comme le poisson perroquet, le cabot, le capitaine qui ont élu domicile dans ce lac, fait sa renommée.

Le lac, victime du changement climatique

Olivier fait l’aller et retour entre Sarodrano et la grotte sacrée tous les jours. (Photo: Nadia)

L’histoire contée par Olivier avec véhémence nous a permis de conclure que la grotte de Sarodrano et son lac font partie des richesses naturelles de la région.

Cependant, depuis quelques années, la grotte de Sarodrano est victime du changement climatique. Auparavant l’eau du lac pouvait atteindre un niveau assez élevé allant jusqu’au sommet de la grotte ce qui n’est plus le cas actuellement. Même le niveau de l’eau des sept lacs qui alimentent cette grotte est en baisse inquiétante. La diminution du niveau de l’eau du lac sacré serait néfaste pour les villageois car les touristes pourraient déserter les lieux. En effet, c’est le fait d’être approvisionné par une source souterraine qui fait la particularité de cette grotte et par la suite attire les touristes. L’eau du lac varie suivant la température extérieure : s’il fait chaud, le lac est tiède et vice-versa à part d’être douce et suave, nous apprend Olivier.

Mais les poissons seraient eux aussi victimes de ce changement climatique. Atteignant entre 45 à 55 Kg, leurs poids ont considérablement diminué fait remarquer Olivier. Leurs nourritures composées d’argiles vertes et d’algues se raréfient suite à ces aléas climatiques.

En terminant son histoire, Olivier espère que le dieu du lac épargnera ce lieu sacré, source de revenus des villageois.

Laissant Olivier à ses préoccupations quotidiennes, les journalistes ont profité de quelques moments pour explorer la grotte et ses environs. Certaines journalistes n’ont pas hésité à entrer en communion avec l’eau douce du lac et les poissons.

Visite, interviews et baignade terminées, nous quittons les lieux vers midi pour rejoindre l’hôtel où s’est tenue la formation afin de clôturer la session autour d’un déjeuner convivial.

La.prochaine session sur le même thématique se tiendra en avril dans la région Analamanga.

La visite du site est payante. ( Photo: Nadia)

 

REPORTAGE: NADIA R.

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