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Dialogue national pour une gestion durable de la pêche thonière dans la région de l’océan Indien et à Madagascar

COMMUNIQUE WWF: L’océan Indien est la deuxième zone de production de thon au monde, derrière le Pacifique occidental. Au niveau mondial, le thon représente une grande partie des exportations de produits de la mer en 2020 après les crevettes, pour alimenter les marchés à hauts revenus d’Amérique du Nord, d’Europe et du Japon.

Le thon est fondamental pour les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire des populations côtières et le développement de l’économie des pays de l’Océan Indien dont Madagascar. Il joue un rôle clé dans la santé des océans et le maintien des écosystèmes marins naturels ainsi que le maintien de la chaîne alimentaire des structures trophiques des océans grâce à son statut de prédateur marin supérieur. En dépit de sa valeur, le thon demeure victime de surpêche.

La surpêche du thon est un problème persistant dans l’océan Indien. Selon la Commission des Thons de l’Océan Indien (CTOI), trois des quatre principales espèces de thon (germon, thon obèse ou patudo et albacore) sont pêchées au-delà de leurs limites biologiques, tandis que le thon Listao est pêché au-delà de la limite de contrôle des captures établie par la CTOI. Pour le cas de l’Albacore, par exemple, 37% des captures étaient des juvéniles et 53.7% étaient inférieures à la longueur optimale entre 2015 et 2019.

Selon une étude récente commissionnée par WWF dans 05 pays (Afrique du Sud, Mozambique, Tanzanie, Kenya et Madagascar) de la région Océan Indien Occidental, près de la moitié (48.7%) de l’effort de pêche thonière dans la région entre 2015 et 2021 serait potentiellement considéré comme illégale ou non réglementée.  Les pertes potentielles relatives à la pêche illégale, non rapportée et non réglementée ont été estimées à environ 95.8 millions de dollars US par an.

Pour Madagascar la pêche thonière ne représente qu’une très faible proportion des captures totales. Toutefois, cette pêche joue un rôle important à travers sa contribution en termes économique, social et de sécurité alimentaire pour les populations côtières. Avec un potentiel de 52000 tonnes de ressources thonières par an, la Lettre de politique bleue en 2015, classe la pêche thonière parmi les pêcheries à développer dans le respect de l’état des stocks et de l’existence d’un marché favorable.

 

Compte tenu de la valeur environnementale, économique et sociale du thon pour Madagascar, le WWF a collaboré avec le Ministère de la Pêche et de l’Économie Bleue, et a organisé pour la première fois un dialogue national sur la pêche thonière qui a eu lieu les 03 et 04 mai 2023 à Antananarivo. Ce dialogue avait comme objectif de permettre aux parties prenantes d’avoir une meilleure compréhension des enjeux de la pêche thonière tant au niveau national que régional. Il a permis entre autres de préparer la position de Madagascar sur les propositions de mesures de conservation et de gestion qui seront discutées à la prochaine réunion de la Commission des Thons de l’océan Indien (CTOI) qui aura lieu à l’Ile Maurice du 08 au 12 Mai. Par rapport aux mesures de conservation et de gestion relatives aux Dispositifs de Concentration de Poissons dérivants (DCPD), les participants ont convenu que Madagascar maintienne sa position (Soutien à la Résolution 23/02) mais reste toutefois ouvert au dialogue avec les autres parties contractantes pour trouver une issue convenable.

Ce premier dialogue national sur la pêche thonière constitue un pas de plus vers la transparence promu par le Ministère de la Pêche et de L’Economie Blue. Le WWF encourage le Ministère à organiser ce dialogue annuellement.

 Au vu de l’état de déclin des stocks de thonidés dans l’Océan Indien, le WWF a formulé plusieurs recommandations par rapport à la prochaine réunion de la CTOI, dont les principales sont :

·      L’adoption d’un plan de reconstitution pluriannuel (au moins trois ans) du stock d’albacore de l’océan Indien dans la zone de compétence de la CTOI, visant à atteindre une réduction globale de 30 % par rapport aux niveaux de 2020 afin de mettre fin à la surpêche d’ici à 2030

·      La réduction de l’impact environnemental des Dispositifs de Concentration des Poissons (DCP) par l’utilisation obligatoire de DCP à suivi électronique, non emmêlants et biodégradables

·      L’amélioration des mesures de conservation et de gestion des espèces en voie de disparition, menacées et protégées

 

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