Société

Amoron’i Mania: Sur 10 personnes enceintes, 3 sont mineures

À Madagascar, le taux de natalité chez les jeunes filles est de 151 naissances pour 1.000 adolescentes, d’après la dernière enquête par grappes à indicateurs multiples ou MICS 2018. Nombreuses localités affichent un nombre très élevé de grossesse précoce, malgré les efforts déjà effectués en matière de planning familial et malgré l’instauration de la loi n°2007-022 à l’époque du régime Ravalomanana, qui interdit le mariage avant 18 ans.

Dans le « Toby FAFY» du fokontany d’Antsongo, district d’Antsirabe I, 12 femmes par mois, en moyenne, viennent pour les consultations prénatales. Depuis l’épidémie de COVID-19, ce chiffre a connu une augmentation, car la moyenne actuelle est de 18 femmes par mois. Sur ces 18 femmes en état de grossesse, 5 sont mineures et la plupart d’entre elles ne sont pas mariées. Certaines ont même été abandonnées par le géniteur.

Jeunes filles enceintes sans conjoint

Le cas des jeunes filles d’Antsongo n’est pas isolé. En effet, dans la région Amoron’i Mania, le taux de grossesse précoce se situe entre 5 à 8%, selon les districts. Sur 10 personnes qui viennent pour des consultations prénatales, 3 ou 4 sont des adolescentes. Les districts de Manandriana et d’Ambatofinandrahana sont les plus concernés par ce fléau. Dans la région Atsimo Andrefana, 48% de filles entre 15 et 19 ans ont déjà donné naissance à au moins un enfant. Cette précocité constitue un véritable problème de santé publique et un frein au développement du pays.

Dr Rasolonjatovo Ella Gladys, responsable de la santé de la reproduction DRSP Amoron’i Mania

Utilisation insuffisante des contraceptifs
Le manque cruel de sensibilisation est l’une des raisons pour lesquelles les jeunes filles tombent enceinte trop tôt, se désole le docteur Rasolonjatovo Ella Gladys, responsable de la santé de la reproduction de la direction régionale de la santé publique d’Amoron’i Mania. S’ajoute à cela le manque d’instruction des filles qui viennent de la brousse. Et pourtant, les agents communautaires travaillant dans les centres destinés aux mères et enfants, se mobilisent pour sensibiliser les jeunes filles et les mères à l’utilisation des contraceptions. À Antsongo, les pilules, les préservatifs et les injections contraceptives ont toujours été disponibles, même pendant les périodes de confinement dû au covid-19, explique Rasolonirina Tahiriniaina Nina, l’une des AC qui travaillent dans le centre FAFY du Fokontany. À Amoron’i Mania, les jeunes filles commencent à utiliser la contraception moderne à 12 ans. En outre, le Ministère de la Santé publique a permis aux femmes qui le désirent de se faire des injections elles-mêmes, sans se déplacer dans les centres de santé, afin de limiter les contacts. Cette pratique a été notamment encouragée dans les districts d’Ambositra et de Fandriana. Toutefois, l’on observe toujours un taux de fécondité assez élevé chez les filles. Dans tout Madagascar, selon les statistiques MICS 2018, le taux d’utilisation de la contraception moderne est de 28% chez les adolescentes en union et de 38% chez les jeunes filles non mariées.

Importance des consultations prénatales
À l’égard de ces chiffres, l’on est en droit d’affirmer qu’il y a beaucoup d’efforts à faire en matière de santé de la reproduction chez les adolescentes. En effet, un taux de fécondité aussi élevé chez les jeunes filles mineures n’est pas sans conséquences. La fistule obstétricale en est un des plus grands risques, car le corps en développement d’une fille n’est pas encore tout à fait mature pour recevoir un enfant, selon toujours l’explication du docteur Rasolonjatovo Ella Gladys. À noter qu’à Madagascar, on enregistre chaque année 4.000 à 5.000 nouveaux cas de fistule obstétricale, suivant les statistiques du Fond des Nations Unies pour la population. D’autres conséquences aussi graves sont le décès du bébé de la mère des suites de l’accouchement, notamment si celle-ci a bâclé ses consultations prénatales. Idéalement, la maman devrait se faire ausculter 8 fois pendant sa grossesse, précise la responsable de la santé de la reproduction, ou tout au moins quatre fois. D’ailleurs, ces visites prénatales constituent déjà une prévention de la malnutrition chronique chez l’enfant. Elles entrent dans le cadre de l’approche 1 000 jours, la période qui s’écoule entre le début de grossesse et la deuxième année de l’enfant, et pendant lesquelles les bonnes pratiques d’alimentation devraient être assurées.

Ravaka Rakotomalala

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page