Société

Malnutrition chronique: 42% des enfants malgaches de moins de 5 ans ont un retard de croissance

Si la malnutrition aigüe dans le Sud de Madagascar a défrayé les chroniques, au moment même où le pays comptait le plus grand nombre de décès dû au covid-19, le cas de malnutrition chronique, quant à lui, a connu une nette diminution.

42% des enfants malgaches de moins de 5 ans ont un retard de croissance dû à la malnutrition chronique. La malnutrition aigüe, quant à elle, touche environ 8% des enfants malgaches. Ces derniers chiffres officiels sont issus de l’enquête par grappe à indicateurs multiples ou MICS, qui datent de 2018. Au vu des statistiques, nous sommes encore loin d’atteindre le n°2 des objectifs du développement durable qui est d’éliminer la faim d’ici 2030 et d’assurer la sécurité alimentaire, notamment des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes. Cela dit, nous sommes en bonne voie, selon les déclarations du docteur VOLOLONTIANA Hanta Marie Danielle, coordonnateur national de l’Office Nationale de la Nutrition, lors de la célébration du 5ème anniversaire de la plateforme de la société civile pour le renforcement de la nutrition – HINA. D’ici la fin de l’année, nous devrions atteindre l’objectif de diminuer le taux de la malnutrition chronique à 38%, soutient-elle. Une enquête est déjà en cours et les chiffres officiels s’y rapportant vont être communiqués au public d’ici peu, révèle le numéro un de l’ONN.

Amélioration dans les régions Betsileo
Mais d’ores et déjà, l’on peut constater une nette réduction du nombre d’enfants ayant un retard de croissance. La région de Haute Matsiatra en est un bel exemple. En effet, si en 2013, le taux de malnutrition chronique affiché dans la capitale du Betsileo était de 65%, cela a diminué jusqu’à 53% en 2018 tandis qu’à la fin de l’année 2020, la statistique annonce un taux de 43%, déclare fièrement le docteur Kitsanga Gatien Anicet, coordonnateur régional de l’ONN Haute Matsiatra. L’existence des « Toby FAFY » y est pour beaucoup, selon toujours les explications de ce dernier. En effet, cette diminution de cas de malnutrition chronique s’observe principalement dans les régions où l’on a mis en œuvre le projet d’amélioration des résultats nutritionnels ou FAFY (Fanjariantsakafosy Fahasalamana Ifotony).
Quant à la région d’Amoron’i Mania, le taux de malnutrition chronique se situe actuellement autour de 40% tandis que le taux des enfants atteints de malnutrition aigüe est de 3 à 4%. Ces chiffres ont connu une légère augmentation au début de cette année, étant donné que nous étions dans la période de soudure, mentionne RALAIVAO Nambinina Mahefasoa, responsable du volet nutrition de la direction régionale de la santé publique d’Amoron’i Mania. Mais à partir du troisième trimestre de l’année, et grâce aux centres FAFY qui n’ont pas cessé de fonctionner, même pendant les pics du covid-19, l’on a constaté une réduction des marasmes nutritionnels et des émaciations. Amoron’i Mania compte actuellement 713 « Toby FAFY » sur les 796 Fokontany de la région.

Fafara, la maman de Jenny

Importance du projet FAFY
Les mères de familles qui côtoient le centre FAFY d’Antsongo, dans le district d’Antsirabe 1, région Vakinankaratra, témoignent des avantages qu’elles-mêmes et leurs enfants reçoivent en fréquentant le centre FAFY de leur Fokontany. Fafara, par exemple, est la maman de Jenny. Dès sa grossesse, elle n’a jamais bâclé les visites prénatales effectuées par les agents communautaires du centre et elle continue d’y emmener sa fille de 5 mois pour les suivis de sa croissance. La jeune maman de 21 ans y reçoit les conseils nutritionnels dont elle et son enfant ont besoin. Ainsi, même avec un revenu faible, Fafara et les autres mères de famille habituées du centre FAFY d’Antsongo peuvent assurer une bonne nutrition à leurs enfants.

Même pendant les périodes les plus dangereuses de la pandémie de covid-19, Rasolonirina Tahiriniaina Nina et Razanatahiry Madeleine, les deux agents communautaires du Fokontany d’Antsongo, n’ont cessé d’accomplir leur travail de sensibilisation, en faisant du porte-à-porte. En effet, confinement oblige, la fréquentation du centre a diminué. De 100 personnes environ par mois, il n’y avait plus que 60 ou tout au plus 70, à venir au centre pendant les périodes d’urgence sanitaire. D’où l’importance des déplacements au niveau même des foyers, afin que la prise en charge des femmes enceintes et des enfants en bas âge ne soient pas interrompue. À noter que le Fokontany d’Antsongo où travaillent les deux agents communautaires compte 9.885 habitants. Elles travaillent, donc, très durement afin de contribuer à la prévention de la malnutrition qui touche 5% des enfants de leur localité.

Budget encore insuffisant
En mettant en place le projet FAFY en 2019, L’Office National de la Nutrition et le Ministère de la Santé publique ont eu l’ambition de réduire à 30% le nombre d’enfants souffrant de retard de croissance d’ici 2028. La route est longue, d’autant plus que seulement 3% du budget général de l’Etat est actuellement octroyé à la nutrition, se plaigne Faniry Hantarinivo, vice-présidente de la plateforme de la société civile HINA. Dans le monde, l’on s’est convenu que chaque pays devrait consacrer au moins 15% de son budget pour la santé, rappelle-t-elle, mais on est encore à 7% pour le moment.

Harisoa Christiane Jaofera, meilleure tri-pointeuse d’Afrique U-18, membre de CHANUT MADA, témoigne de l’importance de la bonne nutrition.

Avec le concours de l’association des Champions pour la Nutrition Madagascar (CHANUT MADA), la plateforme HINA ne cesse de clamer que la lutte contre la malnutrition requiert des actions transversales et multisectorielles. Organisation des sociétés civiles, personnalités élues, tous les dirigeants chacun à leur niveau, journalistes, sportifs, artistes… tout le monde doit prendre ses responsabilités dans la lutte contre ce fléau. Comme l’a souligné le Dr VOLOLONTIANA Hanta Marie Danielle, la diminution du taux de la malnutrition nous garantit le développement durable du pays.

 

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